Après la Chute, il n’est resté qu’un seul royaume humain. Érigeant à sa frontière des murailles titanesques pour repousser toute menace des différentes forces extérieures. Dernier bastion de l’humanité, les portes ont dû se refermer, choisissant la survie plutôt que de prendre le risque d’aider les peuples forcés à l’exil. Bien que le royaume soit corrompu et ne compte plus vraiment d’alliés, si quelque chose devait inverser le cours des choses, il pourrait venir d’ici.

Autrefois éclairée et progressiste, la cité s’en est retournée dans l’obscurantisme religieux, cherchant une once d’espoir où se terrer pour mieux accepter la situation. 

Le dernier royaume a depuis bien longtemps fermé ses portes. Mais les Humains continuent d’affluer vers le dernier bastion protégé de l’humanité. Quand ils arrivent à survivre à leur périple, les portes ne leur sont pas ouvertes pour autant. Les législateurs ont créé une entité gérant l’immigration. Ils acceptent parfois après avoir étudié la demande, et en fonction des besoins internes à Tyraslin. Un demandeur d’asile qui ne présente aucun signe de corruption et s’avère avoir une compétence spéciale, que ce soit dans les sciences comme la médecine, ou dans les arts, comme le chant, pourrait se voir ouvrir les portes. Des cas très rares et isolés, car le traumatisme du massacre des « yeux rouges » après la Chute reste une véritable blessure pour ceux derrière les murailles. Autant par peur d’accueillir un être malveillant que par peur de devoir procéder à une purge.

Tyralsin n’entretient que peu de relations avec les autres peuples. Les Elfes autrefois alliés des Humains se sont détournés d’un chemin amical avec cette dernière grande puissance, ne reconnaissant pas ce peuple qu’ils avaient tant aidé depuis leur arrivée. Les Nains sont soit reclus dans les montagnes, soit à parcourir le Wasteland pour commercer . Mais l’isolement de ce peuple d’Humains ne s’arrête pas là. Les non-morts sont une aberration aux yeux des Tyrasliniens, il est inenvisageable de servir de bétail aux Strigoïs. Si les démons sont maléfiques par essence, ceux qu’on appelle les Possédés dont on sait peu de choses, sont tout autant une menace à leurs yeux. Quant aux mages de Gil Estel, ils sont un fléau qui condamnera le monde s’ ils ne sont pas arrêtés. La magie est interdite en Tyraslin. L’ironie est que cela s’est produit suite à un pacte de non agression avec le peuple elfique. La fragile alliance ne dura pas longtemps. Les Humains du dernier bastion devaient venir en aide au bosquet du Printemps. Arrivés trop tard, le pacte fût brisé. Pour la cour royale, la magie était la cause des maux de ce monde et au-delà d’être proscrite, la chasse aux pratiquants est indispensable.

Les terres de Tyraslin s’arrêtent à une dernière muraille titanesque nommée cercle extérieure. La majeure partie de la population s’y trouve. De très nombreuses habitations, des commerces, des puits, des temples où prier, des casernes militaires. Les rues y sont rarement pavées, et les maisons proches les unes des autres. La mendicité est importante, le traitement des épidémies radical. Il existe plusieurs corps d’armée. La milice a pour mission de faire régner l’ordre dans les rues, mais elle est elle-même en proie à une corruption permanente. La Garde du cercle extérieur assure les défenses aux rempartx et les expéditions à l’extérieur des murs. Elle est elle-même composée de différents types d’unités aux missions respectives.

Le cercle vassal est composé de champs, cultivé ou en jachère. Si ils ont été mis ici et non dans le cercle le plus éloigné, c’est pour que les dirigeants gardent une main sur ces ressources, et évitent une potentielle rébellion. Bien qu’annoncé que cela était pour protéger tout le monde de toute famine, il n’en est rien. La nourriture est suffisante pour l’ensemble de la population, mais les prix sont exorbitants vers le cercle extérieur. La gestion est laissée à des gouverneurs locaux qui s’assurent que les récoltes se déroulent bien. Chacun a son propre château et ses propres troupes.

Le cercle couronne comme il est nommé rassemble les gens les plus riches de Tyraslin. Membre de la cour royale, mais aussi chercheurs, artistes, intellectuels, guerriers d’élite. C’est un fragile équilibre qui est maintenu, car il fait bon vivre à cet endroit, et personne ne souhaite mener une mutinerie ou prendre le pouvoir par peur de perdre ce dernier coin de civilisation et de prospérité. Si la vie doit être courte, autant qu’elle soit agréable. On retrouve le palais royal, de nombreuses académies exerçant dans différents domaines. Seule l’ancienne académie de magie est condamnée, les portes et les fenêtres ont été murées. Un symbole de l’abandon des arcanes. Originellement, c’est la cité même de Tyraslin. Le Roi y siège toujours, accueillant les nobles en fuite. Si le dernier bastion est le seul encore debout, cette lointaine cité n’a jamais jouée un rôle majeur sur l’échiquier politique de Drakerion. Sous protectorat du royaume d’Alania, elle n’a jamais eu à craindre des attaques militaires. C’était une terre simple qui a dû accueillir le reste de l’humanité et composer avec les volontés de chacun.

Le système politique tient autour d’une monarchie. Les ordres du Roi sont donnés aux bourgmestres des différentes zones du premier cercle, gérant une partie communale. La loi royale est défendue par les Chevaliers qui ont été adoubés, tandis que la Justice est rendue par l’Ordre Vindicare, aveuglément. Il existe encore une caste de nobles, mais sans terres. Les anciennes familles nobles de Tyraslin vivent dans le cercle couronne sans pouvoir espérer quelconque pouvoir ou autorité, même si leur condition de vie frôle le luxe dans ce monde en péril. Mais un Humain qui a déjà goûté au pouvoir n’y renonce pas si facilement et un triste jeu de dupes se joue à la cour.
L’on pourrait croire que les cultivateurs et les maraîchers jouissent d’un statut important, mais il n’en est rien. Travailler dans le cercle vassal est perçu comme un privilège. S’éloigner des dangers extérieurs, ne pas être obligé de rejoindre la Garde du cercle extérieur, et s’assurer de toujours manger à sa faim. Le poste est convoité, et quand un agriculteur ne fait plus l’affaire, des centaines de candidats sont déjà prêts à le remplacer sans même prendre le temps de le pleurer malgré l’énorme fardeau que représente cette tâche.

Les soldats du cercle extérieur

Aussi appelés les sacrifiés, les hommes et femmes de ce qu’on appelle la Garde du cercle extérieur sont composés à partir d’enrôlés de force et de volontaires. C’est souvent le seul moyen pour un Tyraslinien de subvenir aux besoins de sa famille. C’est aussi sûrement ici que l’on trouve ce qu’on pourrait appeler des héros. Tous ne se contentent pas de rester en haut des remparts de la grande muraille de Tyraslin. Lorsqu’un envahisseur potentiel approche, il n’est pas question de le laisser l’approcher des murailles alors qu’elles semblent inexpugnables. Appuyées par des troupes à distance qui elles sont sur les remparts, les troupes de corps à corps descendent et chargent. Équipées de manière rudimentaire, l’espérance de vie est courte. Mais certains acquièrent une expérience inestimable, de batailles en batailles, se forgeant une réputation dans le parmi les leurs, redonnant espoir. Les déserteurs sont tellement rares que c’est un phénomène qui n’existe pas aux yeux de la population. Bien que certains tentent de rejoindre une troupe de mercenaires du Wasteland, ou de trouver une sombre puissance ailleurs, faut-il être encore capable de survivre ne serait-ce que plusieurs dans ces territoires plus qu’hostiles.
Il ne se passe jamais longtemps avant qu’une petite troupe de Lokmar approche, ou que des mages de Gil Estel tentent de repérer des failles dans les défenses, qu’un nécromancien tente de piller les tombes à l’extérieur des murs, ou encore qu’un détachement elfique en maraude réclame vengeance. Et c’est toujours les troupes du cercle extérieur qui sont appelées.

Le peuple de Tyraslin garde une appétence pour l’ingénierie depuis la construction des murs des différents cercles. Si cela est surtout représenté par les armes de siège sur les murailles, l’on retrouve cela aussi dans le quotidien. Puits, ascenseurs, moulins, et aussi directement sur l’Humain lui-même. Lorsqu’au combat, un membre est coupé, si le guerrier survit aux différentes maladies, et cicatrise suffisamment bien, il remplace un bras perdu par une arme, en faisant parfois même une arme de projectile. D’autres vont renforcer leurs protections, avec des pièces d’armures rudimentaires, à même la peau. Mi-Humain, mi-Machine. Les vétérans sont souvent ornés de cicatrices, véritables trophées. Un guerrier sans marque, cela est soit un couard, soit un qui n’a jamais fait une bataille. Les autres sont morts. L’armée régulière ne fait pas de même. Le triste apanage du peuple.

L’Ordre Vindicare

L’acte le plus ignoble qui a sauvé Tyraslin est la chasse aux sorcières concernant les « Yeux Rouges » communément appelé les Possédés. Considérés comme imprégnés des démons, ils étaient une menace pour l’humanité. Et traquer les siens a profondément marqué le cœur et l’âme du peuple de Tyraslin qui était une terre d’accueil bienveillante jusqu’alors. C’est de là que vient l’Ordre Vindicare , comme si leurs propres méfaits les faisaient encore culpabiliser, que pour se débarrasser de ce poids, il fallait se venger. Le recrutement se fait parmi les jeunes hommes et femmes vierges. On leur confie un médaillon de Pouvoir, et les confronte à la corruption démoniaque. C’est alors qu’on leur crève les yeux pour les rendre aveugle. Un sacrifice nécessaire pour s’assurer que leur sens de la Justice soit leur seule vision de ce monde.

Le médaillon de Pouvoir est rendu, mais l’initié est alors en capacité de « voir » certaines choses, y compris le peu de forces magiques qui restent dans ce monde. Formés au combat et apprenant à maîtriser ce nouveau don, ils deviennent des guerriers polyvalents capables de bien des prouesses. Certes, ils ne rivaliseront jamais en magie même avec un acolyte de Gil Estel, mais ils seront en capacité de se défendre et même d’oser quelques signes de sorts offensifs. Ils ne sont rarement plus qu’une dizaine par temple, et parmi ceux-ci sont choisis une petite poignée pour rester à la protection de la famille royale. Si la cérémonie se déroule au cercle intérieur devant foule, l’Ordre se trouve au cercle couronne.

Cette religion base ses préceptes sur l’un des dieux du panthéon humain. Renommé Deus, il est le seul dieu accepté à Tyraslin. Les prêtres de l’Ordre l’ont expliqué au peuple. La Chute et tout ce qui s’ensuit est du fait des nombreuses divinités qui étaient vénérées. Quand Lokmar tomba, Deus voulut sauver les Humains mais ses frères et sœurs divins l’ont retenu. Incapable de laisser les mortels abandonnés à leur cause, il choisit l’Humanité à sa famille, poussé par son sens de la justice et sans regarder où il frappait, il tua chacun de ceux qui composaient le panthéon.

Leur mission principale est de traquer les âmes corrompues et de les livrer, pour éviter à Tyraslin de sombrer. Mais la vérité est aussi cruelle qu’hypocrite. S’ils sont capables de les reconnaître, c’est parce qu’un lien uni le prédateur à sa proie ; ils sont identiques. Les rendre aveugle ne les protège pas de cette malédiction. Et avouer cela à leurs instances supérieures, les condamnerait très certainement. Un secret qu’ils sont obligés de garder tout en chassant leurs semblables. Heureusement, la plupart d’entre eux sont des justiciers qui n’ont aucun sentiment de culpabilité.

L’armée régulière

Les vestiges de l’armée de Tyraslin est la plus grande armée régulière humaine du continent. Les officiers sont recrutés parmi les nobles, tandis que l’infanterie est l’apanage des fils de bourgeois et de fils de paysans lassés de travailler la terre. La protection des différents cercles grise totalement cette jeunesse en quête de gloire. Tant qu’ils sont stationnés dans Tyraslin, le rêve persiste. Dès qu’ils patrouillent une première fois en dehors, ils n’aspirent plus qu’à retourner derrière la protection des murs.

Les expéditions sont rares, les membres du cercle extérieur assurant le nécessaire en cas d’escarmouche. Mais face à une armée ordonnée de non-morts, à une cohorte démoniaque ou à une coalition de mercenaires, la stratégie militaire impose d’envoyer une armée conséquente pour balayer le danger.

L’armée est divisée en différentes catégories. La noblesse est le plus souvent aux postes de commandements et sert de cavalerie lourde aux troupes de Tyraslin. L’infanterie est composée d’hommes d’armes équipés de différentes façons selon la tâche tactique qui leur est attribuée. Des combinaisons épées-boucliers, armes d’hasts ou encore la hache pour les sapeurs. Bien qu’opérant à pieds, les unités attaquant à distance sont distinguées différemment des troupes destinées à la mêlée. L’arbalète est l’arme principale, alors que les éclaireurs du cercle extérieur n’utilisent que l’arc. Ils font partie du corps d’artillerie avec les balistes et les catapultes. Le gros de cette division est en charge de la défense des hautes murailles et il peut arriver qu’elle soit déplacée vers le champ de bataille pour abattre des créatures volantes ou pour épuiser l’armée adverse avant l’impact du corps à corps.

Quel que soit le corps d’armée, un membre de l’Ordre Vindicare a l’autorité pour prendre le commandement d’un détachement ou que l’armée régulière soit renforcée par des patrouilleurs vétérans du cercle extérieur qui agissent en tant qu’éclaireurs. Quand l’armée de Tyraslin se déploie avant la bataille, étendards au vent, armures clinquantes de la noblesse à cheval, et rangs d’infanteries aux uniformes arborant les couleurs du Roi, un souffle du passé s’anime devant l’ennemi. Une nostalgie pour les plus anciens qui peuvent alors croire à un retour des temps anciens. Jusqu’à ce que le fracas des armes ne laissent que peu de place à l’évidence : le sol sera jonché de morts à la fin du jour.